12

Décembre 2001

Joyeuses fêtes

 

Le Courrier

de l' ADECE

 

Association pour le développement des échanges

et de la comparaison en éducation

Département des sciences de l’éducation,

7 rue de l’Université, 67000 Strasbourg

03 90 24 05 76

06 70 34 05 19

Elisabeth.Regnault@lse-ulp.u-strasbg.fr

_____________________________________

EDITORIAL

 

Chers adhérents,

 

L’ADECE reprend son rythme de croisière avec des projets de journée d’études et de colloque en 2002 malgré un retard pris dans l’envoi du Courrier en raison d’un temps nécessaire d’installation entre l’ancien bureau de l'association et son nouveau bureau. Nous tenons à formuler nos excuses à tous les membres de l'ADECE.

L’ADECE se donne comme objectif d’aller plus loin que la comparaison des systèmes éducatifs en interrogeant des problématiques communes à des pays divers. L’année 2002 sera marquée par un thème transversal : celui de l’altérité, altérité dans l’école et dans le cadre de la construction européenne à travers les échanges. Cette problématique sera développée pendant une journée d’études à l'IUFM de Cergy le 6 février 2002 et à Strasbourg au Conseil de l’Europe à la fin de l’année 2002.

Un de nos projets est de rendre davantage visible l’ADECE en créant des liens avec d’autres associations et en réalisant une plaquette dotée d’un logo spécifique.

Très cordialement,

Elisabeth Regnault

Présidente en France de l'ADECE

 

 

 

Compte rendu du Conseil d’administration

du vendredi 16 novembre 2001

Présents : Dominique Groux, Elisabeth Heitz, Soledad Perez, Nicole Poteaux, Elisabeth Regnault, Emmanuel Triby, Henri Vieille-Grosjean.

Excusés : Françoise Creze, Alain Fleury

1. / Colloque au Conseil de L'Europe

Nous pourrons organiser un colloque au Conseil de l’Europe à condition que l’ADECE s’inscrive dans les thématiques du Conseil. A partir de thèmes tels que la dimension européenne, les politiques culturelles et la diversité culturelle, les visions de l'Europe, nous allons soumettre au Conseil les questionnements suivants : comment se construit l’Europe à travers les échanges éducatifs d’élèves, comment les élèves issus de l’immigration non européenne, lorsqu’ils participent à ces échanges, se positionnent-ils sur le plan identitaire ? En quoi la dimension européenne, s'efforçant de rassembler les élèves autour de valeurs communes, leur permet-elle de se situer ? Vous serez informés dans le prochain Courrier de la date exacte du colloque.

2. / Journée d'études à Paris sur l'altérité (à l’initiative de Dominique Groux)

Cette journée d'études, organisée par l'IUFM de Versailles, en collaboration avec l'ADECE, aura lieu le mercredi 6 février à 9h30 sur le site IUFM de Cergy. Une conférence de Paul Ricoeur sur le thème de l'identité/altérité ouvrira la journée qui se poursuivra l'après-midi par des communications de chercheurs.

3. / Revue académique électronique

Soledad Perez, présidente déléguée aux affaires internationales, étudie les possibilités de mettre en place une revue académique internationale électronique avec plusieurs partenaires. D’une part, ce projet doit pouvoir disposer d’un budget adéquat. La recherche de financement constitue donc une priorité actuelle. D’autre part, le recensement de revues électroniques en éducation est en cours d’élaboration. La revue serait conçue comme complémentaire à d’autres supports d’édition. En effet, il existe un certain nombre de revues électroniques en éducation de qualité et la viabilité d’une nouvelle revue demeure une préoccupation.

Néanmoins, l’un des objectifs de la revue électronique permettrait de dresser un état des lieux des débats dans les Sciences de l’Education en particulier à partir d’approches disciplinaires et thématiques dans une perspective comparative. La revue aurait pour principal objectif d'offrir aux chercheurs un lieu interdisciplinaire d'échanges, de réflexions critiques et comparatives.

Cette revue devrait pouvoir accueillir des articles scientifiques, des comptes-rendus de recherche, des expériences, des notes de lecture en plusieurs langues (notamment en Français, Anglais, Espagnol) avec un forum qui permettrait de discuter les contributions des auteurs. La revue publierait des articles principalement à l'intention des chercheurs, des gestionnaires de l’éducation, des enseignants et des étudiants.

4. / Actes du colloque de Montpellier (mai 2000)

Les actes du Colloque de Montpellier seront publiés sous la direction de Richard Etienne et de Dominique Groux dans la collection "Education comparée" de l’Harmattan.

5. / Lien de l'ADECE avec d'autres associations (AFEC, AECSE, ...)

• Concernant l’AFEC, l’Association Francophone d’Education Comparée, Soledad Perez participe au Comité scientifique du colloque GRETAF au nom de l’ADECE, colloque qui a lieu du 23 au 25 mai 2002 à Caen sur le thème de la formation des enseignants.

• Concernant l’AECSE, Association des Enseignants Chercheurs en Sciences de l’Education, dont Elisabeth Regnault est actuellement la secrétaire, il est prévu qu’elle présente cette année l’association lors d’une réunion de l’AECSE et que des liens soient créés sur les sites web des deux associations.

6. / Le site web de l’ADECE

Nous avons prévu de le mettre à jour en demandant à un étudiant strasbourgeois, un webmaster, de transférer les nouvelles données sur le site. Vous pouvez consulter le site à l’adresse suivante :

http://membres.tripod.fr/groupe ADECE/index.htm

Pendant la présidence de Dominique Groux, le site a été réalisé par Samuel Kusnierz avec les entrées suivantes :

1. Présentation de l’association :

- Statuts

- Réglement intérieur

2. Vie de l’association

- Comptes rendus des CA et AG

3. Les journées d'études

4. Les Courriers

5. Les Actes de colloques

6. Publications

- Publications des membres (avec un résumé)

- Autres publications

7. Annuaire des adhérents

- Nom, prénom

- Fonction

- Courriel

- Domaine d’intérêt ou sujet de recherche (5 mots maximum)

8. Adhésion

7. / Le logo et la plaquette

Nous comptons réaliser une plaquette de l’ADECE et construire un logo (toutes les propositions seront les bienvenues !)

8. / Adhésions 2001

Il y a actuellement 170 membres dans l’Association. Nous comptons sur vous tous pour alimenter le courrier. Envoyez toutes les informations utiles (annonce de congrès, ouvrages, adresses utiles, sites internet, expériences d'échanges scolaires et universitaires, .... )

Secrétaire général de l’ADECE

E-Mail : Henri.Vieille-Grosjean@lse-ulp.u-strasbg.fr

Université Louis Pasteur, Département des sciences de l'éducation, 7 rue de l'Université, 67000 Strasbourg. Tel : 03 90 24 05 74

Le prochain conseil d'administration de l'ADECE aura lieu le samedi 19 janvier 2002 de 9h30 à 12h30 au département de sciences de l'éducation, 7 rue de l'Université, salle ERASME au 2ème étage, 67000 Strasbourg (station : Université, tram C Esplanade)

L'ordre du jour est le suivant :

1./ Colloque au Conseil de l’Europe à Strasbourg

2. / Journée d’études sur l’altérité à Paris

3./ Le Courrier n°13

 

CONGRES, COLLOQUES, SEMINAIRES

Colloques qui ont eu lieu cet automne et

dont vous pouvez vous procurer les Actes

1. / Colloque National 2001 de la Société franco-japonaise des sciences de l'éducation

Samedi 20 octobre 2001, Université d'éducation de Fukuoka, Japon

Pour plus amples reseignements, voir le website :

http://www.fukuoka-edu.ac.jp/kyoikuin/INDEX.htm

http://www.fukuoka-edu.ac.jp/kyoikuin/kai-7-F.htm (français)

2. / Regards croisés sur l’interculturalité, la pédagogie interculturelle en question.

25 et 26 novembre 2001 à Troyes

Contact : Initiales2@wanadoo.fr (Edris Abdel-Sayed)

3. / Sixth International Metropolis Conference on Immigration and urban processes.

November 26-30 2001 à Rotterdam (Netherlands)

Contact : www.international.metropolis.net

Prochains colloques

4. / First Workshop "Decentralisation and centralisation policies in education in Europe. Current trends and challenges"

March 21-23 2002, Orebro, Sweden

Contact : lazaro.moreno@pi.oru.se

5. / Colloque International "L'Education de base pour tous dans la Francophonie à l'heure de la mondialisation - Une perspective comparative"

20-22 mai 2002, Université de Paris VIII, France

Le Colloque est organisé par le Département des Sciences de l'éducation de l'Université de Paris 8, avec la participation des centres de recherche E.S.C.O.L.-CRES, du Centre d'études et de recherches sur l'Afrique CERASA, du Laboratoire d'anthropologie historique, politique et technique LAHPT, de l'Institut d'études européennes, de l'Institut Maghreb-Europe et le Groupe d'étude sur l'éducation en Afrique (GRETAF) avec le concours de l'Association francophone d'éducation comparée (AFEC).

Le but du Colloque est de susciter un débat sur le programme international " Education de base pour tous " et la contribution des chercheurs et éducateurs du Nord et du Sud à sa conception, sa mise en oeuvre et son suivi, en mettant l'accent sur les pays francophones du Sud et du Nord.

Contact : michel.debeauvais-GRETAF@wanadoo.fr

6. / Colloque International sur le thème "Formation des enseignants : permanences, changements, tensions actuelles. Analyses comparées" organisé par l’AFEC, l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Basse Normandie.

23-25 mai 2002, Caen -France

Contact : http://tice.caen.iufm.fr/colloque

6. / The Fourth International Conference on Teacher Education.

23-27 June, 2002 , Israel

Contact : Yodfat Kirmayer : yodfat_k@macam.ac.il

 

Ouvrages

1. / Amiraux Valérie (2001) Acteurs de l’islam entre Allemagne et Turquie : parcours militants et expériences religieuses. Paris : l’Harmattan

2. / Conseil de l’Europe (2000) Choix de textes relatifs à l’asile territorial et aux réfugiés adoptés dans le cadre du Conseil de l’Europe. Strasbourg.

3. / DIPF (Deutsches Institut für Internationale Pädagogische Forschung) (2001) Coopérer, se comprendre, se rencontrer.

Mise à disposition sur le site officiel de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) sous la rubrique "Langue et pédagogie. Exemples de programmes spécifiques à l’adresse suivante : http://www.ofaj.org/paed/exemples/cooperer/index.html

 

Cette nouvelle édition retravaillée et réactualisée de : "Coopérer et se comprendre" (paru en 1988) porte sur 20 ans d’expérimentation et de réflexion dans le domaine de la pédagogie de l’échange et de la rencontre. Elle s’adresse en premier lieu aux enseignants et aux responsables de l’administration scolaire, mais aussi à toutes les personnes concernées par les échanges (parents, intervenants extérieurs, animateurs socio-éducatifs...). Différentes formes de coopération interscolaire aux différents niveaux de l’enseignement (primaire et secondaire) sont exposées de façon systématique et décrites en détail : la correspondance scolaire (à distance), l’échange d’élèves et de classes, la coopération dans le cadre d’un projet thématique, la rencontre en tiers-lieu. La perspective adoptée est celle d’une approche continue et progressive, d’une véritable pédagogie " des échanges " comme principe éducatif.

Un "petit lexique de l’échange et de la rencontre" (2 ème partie) reprend sous forme de 66 mots-clefs tous les aspects. Un système de liens et de renvois permet un va-et-vient entre les projets et le lexique, des lectures multiples, linéaires ou non, générales ou dans le détail du travail pratique et concret, selon les préoccupations du lecteur.

Dans la partie "Bibliographie et ressources Internet", le lecteur peut prolonger et approfondir sa lecture, son information et sa réflexion dans différentes directions. L’intégration de liens Internet sélectionnés permet en effet de relier immédiatement la publication aux ressources de plus en plus importantes disponibles sur la toile.

4. / Eurydice, Cedefop (2001) Initiatives nationales en faveur de l’éducation et de la formation tout au long de la vie en Europe.

Disponible sur le site d’Eurydice : http://www.eurydice.org

et sur le site du Cedefop : http://www.trainingvillage.gr

5. / Eurydice (2001) Les technologies de l'information et de la communication dans les systèmes éducatifs européens.

Vous pouvez consulter soit le communiqué décrivant les grandes lignes de l'enquête, soit l'enquête dans son intégralité.

Communiqué de presse: http://www.eurydice.org/news/Communique/fr/CP_survey4.pdf

Enquête: http://www.eurydice.org/news/Communique/fr/CP_survey4.pdf

6. / Eurydice Focus (2001) Flux financiers de l'enseignement obligatoire en Europe - Diagrammes 2001.

Vous pouvez consulter soit le communiqué décrivant les grandes lignes de l'étude, soit le document dans son intégralité.

Communiqué de presse: http://www.eurydice.org/News/FR/FrameSet_Press_FR.htm

Focus: http://www.eurydice.org/Documents/Ff/fr/FrameSet.htm

7. / Maggi Bruno (éd) (2000) Manières de penser, manières d’agir en éducation et en formation. Paris : PUF, Biennales de l’éducation et de la formation.

8. / Mary Philippe, Papatheodorou Théodore (Eds) (2001) Délinquance et insécurité en Europe : vers une pénalisation du social ? Bruxelles : Bruylant

9. / Regnault Elisabeth, Folliet Henri, Gauthier Pierre-Louis (Eds) (2001) Les enjeux du pluralisme linguistique pour les systèmes d'éducation et de formation. Revue Education Comparée, vol. 54, mai 2001, revue publiée à Paris par l’AFEC.

Contact : afec@club-internet.fr

10. / Scanzio Fabricio S (éd.) (2001) Imaginer l'Europe. Thèmes et méthode pour un stage de formation. Freibung im Breisgau: Fillibachverlag. ISBN 3-931240-19-3 DM 34,00/ 17 Euro.

Disponible sur le site web : www.imageuro.net/cittaeur

Une demande directe auprès de la maison d'édition est souvent plus avantageuse que la demande par une librairie : Fillibachverlag, Fillibachstr. 16, D - 79104 Freiburg i. Br., Fax: 0049 / 761 / 55 57 19, courriel : info@fillibach.de

11. / Sirota Régine (éd) (2001) Autour du comparatisme. Paris : PUF.

12./ Perez, Soledad & Strobel, O. (sous presse) Education et Travail : divorce ou entente cordiale ? Paris : L’Harmattan, collection Education Comparée.

Dans un monde de globalisation économique, les interactions entre " Education et Travail " demeurent un sujet d’étude intéressant. Ces relations complexes, générales et particulières font l’objet de cet ouvrage. Certaines approches et différents niveaux d'analyse ont été privilégiés. Tout d'abord, quelques réflexions d'un point de vue historique et philosophique permettent de comprendre qu'il est parfois difficile de concilier l’état de droit national et l’état de droit du citoyen. Ensuite, des exemples de sous-systèmes sont proposés comme l’université et la formation professionnelle selon des points de vue économique, sociologique et politique. Ces interactions entre " Education et Travail " concernent divers publics comme les jeunes, les femmes et les enseignants qui sont abordés ici. Enfin, les enjeux des nouvelles technologies de la communication au service du monde de l’éducation sont étudiés. " Education et Travail, divorce ou entente cordiale ?" relate les études et expériences de ce mariage difficile.

 

 

 

 

 

 

 

Le Programme mondial "Education pour tous" : de Jomtien (1990) à Dakar (2000) et à l’horizon 2015

Résumé de l’intervention de Michel Debeauvais

à l’Université d’été des Droits de l’homme

Genève, 14 août 2001

L’objectif de mon intervention est d’alimenter une réflexion sur l’évolution récente du "Droit à l’éducation" et ses perspectives. La thèse proposée peut être résumée ainsi : le Droit à l’éducation est un des Droits de l’homme dont les modalités d’application ont été progressivement précisées depuis 1948. Il a reçu une priorité nouvelle depuis 1990 : la "Déclaration de l’Education pour tous" et son Plan d’action, adoptés par l’ensemble de la communauté internationale. Cet engagement a été confirmé au "Forum mondial de Dakar" (avril 2000). Sa mise en œuvre effective dépendra en grande partie de l’appui des acteurs de la "société civile" et de leur action sur les gouvernements, les Organisations internationales et l’opinion publique.

Cette question peut être abordée de plusieurs manières, notamment la démarche juridique, et la démarche philosophique (sur la nature des droits universels, et particulièrement du droit universel à l’éducation). Ma démarche relève plutôt de la sociologie politique et économique, dans une perspective historique.

La présentation des principaux textes de référence étant faite par les autres intervenants, je ne fais que rappeler les principales étapes :

- "Déclaration universelle des droits de l’homme", adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations Unies

"droits et libertés inaliénables sans distinction aucune de langue, de race, de sexe, d’opinion politique, de religion"

"1.Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire…"

2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect du droit de l’homme et des libertés fondamentales… " (art.26) .

- 1959 "Déclaration des droits de l’enfant"

- 1989 "Convention relative aux droits de l’enfant"

- 1990 : Déclaration et Programme d’action de Jomtien "Education pour tous" (EPT), qui contient une définition des objectifs de l’éducation (sans référence aux droits de l’homme) : les outils d’apprentissage (littératie, solution de problèmes) ; les contenus : connaissances, savoir-faire, valeurs et attitudes utiles à la survie, participer au développement, améliorer la qualité de vie, prendre des décisions éclairées, continuer à apprendre.

- 1992 : "Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités nationales ou éthniques, religieuses ou linguistiques"

- 1993 "Conférence mondiale sur les droits de l’homme", (ONU, Vienne)

- 1995 "Sommet mondial pour le développement social" (ECOSOC,Copenhague)

- 2000 : Dakar, Sénégal (le Forum mondial sur l’éducation pour tous)

Quelques citations importantes de la Déclaration de Dakar :

"L'éducation en tant que droit fondamental de l'être humain est un élément décisif pour le développement durable et la paix à l'intérieur des pays et entre eux, et constitue donc le moyen indispensable d'une participation effective à l'économie et à la vie des sociétés du XXIe siècle .../…

L'objectif fixé à Jomtien suppose que chaque individu ait accès à l'éducation de base au sens le plus large et le plus riche du terme, une éducation où il s'agit d'apprendre à connaître, à faire, à vivre ensemble et à être. Une éducation qui s'attache à exploiter les talents de chaque personne et à développer la personnalité de l'apprenant, afin de leur permettre de mener une vie meilleure et de transformer la société dans laquelle ils vivent.../…

En tant que représentants de la communauté mondiale, nous affirmons qu'aucun pays qui a pris un engagement sérieux en faveur de l'éducation de base ne verra ses efforts contrariés par le manque de ressources…/… "

 

Pour analyser cette nouvelle étape dans l’affirmation du droit à l’éducation, on évoquera les points suivants :

• Les évolutions du contexte international : de 1945 à 1989, la guerre froide, avec la règle non écrite de la quasi-unanimité des Etats membres pour les Déclarations touchant les Droits de l’Homme, a eu pour conséquence la réduction des textes des Nations Unies à des proclamations abstraites de faible portée pratique. On peut estimer que le travail préparatoire des Organisations internationales a consisté à s’assurer que les textes soient acceptables par presque tous les gouvernements, pami lesquels une majorité était loin de les traduire dans leurs contextes nationaux. Depuis 1990, même si la contrainte de la quasi-unanimité demeure, les textes sur les Droits de l’Homme (y compris le droit à l’éducation) se fondent sur la base de "valeurs communes", et la tendance à préciser les conditions de réalisation se renforcent. On tend à associer les Déclarations d’intention à des Bilans, des Plans d’action. L’intérêt porté aux indicateurs économiques et sociaux en est une des manifestations.

• Les textes et les débats sur les "droits économiques et sociaux" reflètent une prise de conscience de l’augmentation de l’écart entre les pays, qui se fait jour lentement et difficilement sur le plan international : aux NU, à la Banque mondiale (objectif de réduction de moitié de la pauvreté), au PNUD (rapports sur le développement humain). La "mondialisation" (globalisation) ne bénéficie pas à tous les pays, ni à toute la population à l’intérieur de chaque pays.

• Le Droit à "l’éducation de base pour tous" est désormais lié à la lutte contre la pauvreté, aussi bien qu’aux droits économiques et sociaux basés sur les "besoins essentiels". Sans une "éducation de base", les individus et les groupes défavorisés ne peuvent pas avoir accès à l’information sur leurs droits, ni participer pleinement à l’exercice de leurs droits ; les "compétences de base" (A.K.Sen) sont la condition de la participation des citoyens au développement, à la justice, à la liberté et à la démocratie. Les NU s’efforcent de prendre le relais des programmes d’aide publique au développement (APD) bilatéraux, en diminution continue depuis la fin de la guerre froide, et des investissements privés dans les pays restés en marge de la croissance mondiale (programme Priorité Afrique). Mais l’écart continue à se creuser entre les déclarations de la communauté internationale sur l’augmentation nécessaire des moyens financiers de l’aide internationale, et la tendance globale à la baisse.

- • La participation croissante de la "société civile" à l’application des Droits de l’homme se manifeste notamment par l’action des Organisations Internationales Non Gouvernementales (OING) et leur intervention dans les débats nationaux et internationaux. Il s’agit d’un rôle de "plaidoyer" (advocacy), et d’ingérence. Dans les pays du Sud, les ONG jouent aussi un rôle croissant. Il faut désormais tenir compte de ces nouveaux acteurs ; la notion de "partenariat" est de plus en plus reconnue, mais sa mise en œuvre est un enjeu à analyser en prenant en compte les positions et les stratégies des acteurs publics et privés.

Quatre obstacles à considérer :

1°/ Une limite contraignante des déclarations d’intention mondiales est la faiblesse de la base d’informations pertinentes sur les situations concrètes des pays et/ou des populations défavorisées.

2°/ Une autre limite est la recherche de déclarations globales censées s’appliquer à tous les pays, ce qui empêche de prendre en compte les cas concrets des pays les plus défavorisés (jeunes hors de l’école, analphabétisme des adultes, etc.)

3°/ La faiblesse des administrations centrales des pays les plus défavorisés (Pays les moins avancés PMA). La "mal-gouvernance" en est un aspect (notamment dans l’utilisation des aides extérieures), mais aussi les difficultés d’application des mesures décidées par les autorités centrales.

4°/ Le peu de portée concrète des engagements pris pour la réalisation des droits tels que le Droit à l’éducation, aussi bien sur le plan international (APD multilatérales et bilatérales, en baisse continue depuis la fin des années 80) que national : le changement radical des priorités de politique éducative en faveur de l’éducation de base (formelle et non-formelle) préconisé à Jomtien et à Dakar ne correspond pas aux pressions politiques, qui s’exercent davantage au niveau de l’enseignement supérieur, et de l’accès au secondaire dans les zones urbaines.

Quelle est la situation du Droit à l’éducation pour tous dans les pays les plus défavorisés ? Quelles sont les perspectives ?

Je présente ici quelques résultats d’une étude en cours du GRETAF sur les pays francophones d’Afrique sub-saharienne (PFA).

Le Groupe d’étude sur l’éducation en Afrique GRETAF est une ONG spécialisée créée pour participer au Programme mondial "Education pour tous" (EPT) ; il fonctionne comme un réseau international bénévole de formation mutuelle et d’études coopératives. Le GRETAF participe activement à la "Consultation collective UNESCO/ONG sur l’Education pour tous". Il fait un bilan continu de la situation de l’EPT dans les pays francophones d’Afrique sub-saharienne (PFA), pour préparer un Observatoire permanent de la situation de l’EPT et du suivi des Plans d’action. Les indicateurs de diagnostic et les méthodes de présentation graphique développées par le GRETAF-International et ses Sections nationales ont pour but de faciliter la communication entre les différents partenaires de l’éducation de base.

Les principaux points illustrés par des graphiques sont les suivants :

• Les données disponibles sur l’éducation de base dans les pays africains francophones ne sont ni suffisantes, ni assez récentes, ni assez fiables, pour permettre des diagnostics pouvant servir de base à des recommandations de politique correspondant aux objectifs du Programme mondial "Education de base pour tous". Cela suggère qu’une priorité devrait être attribuée à l’amélioration des données de base nécessaires pour traduire en projets pertinents les mesures à prendre. Les "18 indicateurs" sélectionnés par le Forum Inter-Agences pour les bilans de la décennie de l’EPT 1990-2000 présentés à Dakar ont montré de graves insuffisances ; un examen critique aussi ouvert que possible à tous les partenaires intéresés devrait être entrepris. La communauté scientifique et les ONG y ont un rôle à jouer.

• Cependant les données existantes, tout imparfaites qu’elles soient, permettent de préciser les ordres de grandeur et l’ampleur des besoins, ainsi que la diversité des situations de chaque pays. A condition de donner la priorité aux études nationales, de reconstituer des séries annuelles des principaux indicateurs nationaux pour suivre les évolutions avant et après Jomtien, et d’aller au-delà des moyennes nationales pour tenir compte des disparités entre les genres et les régions. Le droit à l’éducation ne peut faire l’objet de programmes concrets que si la base d’informations pertinentes est améliorée, pour tenir compte de la situation réelle de chaque pays, et si cela permet d’identifier les groupes qui n’ont pas encore accès à l’éducation.

• L’évolution des effectifs scolarisés dans le primaire montre que la plupart des pays francophones d’Afrique sub-saharienne ont fait un effort considérable, au moins égal à la croissance démographique (la plus forte du monde, supérieure à 3% par an). Mais cette augmentation des populations scolarisables a absorbé une partie importante des accroissements des effectifs. La stagnation des taux de scolarisation dans plusieurs pays ne doit pas être interprétée comme un manque d’efforts.

• Les inégalités de la scolarisation des filles, très fortes dans plusieurs pays, sont partout en voie de diminution. Mais les améliorations sont presque partout très lentes ; elles doivent être encouragées par des programmes spécifiques ; les mesures les plus efficaces paraissent devoir porter sur l’accès des filles à l’école, car la scolarité primaire des filles n’est généralement pas très différente de celle des garçons. Les inégalités augmentent ensuite : accès au second degré, rétention dans le cycle secondaire, examens de passage, accès à l’enseignement supérieur. Il en résulte, entre autres, que les dépenses publiques pour l’éducation bénéficient davantage aux garçons qu’aux filles. Cette inégalité dans la répartition des ressources devrait être corrigée.

•Dans plusieurs des pays africains, le nombre des jeunes hors de l’école est important ; ils sont même la majorité dans plusieurs pays de la zone sahélienne ; soit il diminue très lentement, et parfois loin de diminuer, il continue à augmenter, ainsi que le nombre des jeunes adultes analphabètes. Les politiques nationales et internationales doivent prendre en compte ces réalités qui ne sont pas encore suffisamment identifiées et mesurées, et sont donc trop peu prises en compte dans les politiques d’éducation de base.

• Un exemple significatif est celui de la situation des zones rurales : dans les capitales et la plupart des villes, la majorité des jeunes (y compris des filles) accèdent à l’école (même si les déperditions scolaires y sont élevées) ; c’est dans les zones rurales que se situent les problèmes les plus importants. Mais les statistiques scolaires distinguant les zones rurales sont rarement disponibles. Les questionnaires de l’UNESCO, qui déterminent souvent le type et la nature des statistiques publiées par les pays, pourraient être modifiés sur ce point.

• Un autre exemple est la répartition des élèves par âge : cette information importante était demandée par les questionnaires UNESCO pour chaque grade. Depuis une dizaine d’années, on ne demande plus que les âges pour l’ensemble du cycle pour en tirer un indicateur de Taux nets de scolarisation (TNS) qui n’a qu’une signification limitée et incertaine, comme l’ont montré les travaux du GRETAF.

• Les objectifs qualitatifs de Jomtien ont été adoptés par les pays africains, mais les études sur les connaissances acquises par les élèves sont encore trop rares. Lorsqu’elles ont été faites (programmes du PASEC de la Confemen, programme de suivi des acquis MLA UNESCO/Unicef, etc.), leurs résultats ont été trop peu analysés par les intéressés.

• Les difficultés économiques, financières et administratives des pays africains ont entraîné des politiques de "décentralisation " qui ont parfois correspondu à un "désengagement" de l’Etat. On observe un nombre croissant d’initiatives des communautés locales : écoles communautaires, écoles de village, écoles parallèles, etc., ainsi que des écoles privées. Les frontières entre le "non formel" et les écoles publiques du "formel" se déplacent. Mais les "partenariats" qui sont préconisés dans tous les discours officiels se traduisent difficilement encore dans des procédures de concertation effective entre les pouvoirs publics et les pratiques des différents "partenaires" de l’éducation de base.

• Dans les pays francophones les plus démunis et les moins scolarisés, l’accroissement des ressources publiques et de l’aide internationale ne suffira pas pour atteindre les objectifs de l’éducation de base pour tous, même avec la prolongation de l’horizon jusqu’à 2015. Même si une telle augmentation est souhaitable, et si elle devient effective (c’est le contraire qui a lieu depuis Jomtien), la scolarisation primaire ne pourra pas répondre à elle seule, dans sa forme actuelle, aux objectifs quantitatifs et qualitatifs préconisés. Une "refondation de l’école" (recommandée par la Confemen), un autre type d’éducation tel que l’a préconisé le rapport de la Commission Ki-Zerbo ("Eduquer ou périr"), sont nécessaires, mais difficiles à préciser et plus encore à mettre en oeuvre. On ne peut pas s’attendre à ce que des experts trouvent par leur seule imagination des solutions adéquates à la mesure de ce défi.

Mais il y a un ensemble d’expériences novatrices qui sont faites en Afrique, par des Africains : c’est là que peuvent être recherchées des pistes à explorer. Elles sont cependant encore trop mal connues, trop peu évaluées pour être directement mises à profit par d’autres. Un programme d’aide à l’évaluation (interne, externe ou autre) de ces expériences pourrait renforcer les échanges d’expérience au niveau national et international. Plusieurs exemples d’innovations, trop peu nombreuses, existent déjà : on peut notamment citer les études faites dans le cadre des Programmes EPT par l’ADEA, l’Unesco/Unicef, la Confemen. Le GRETAF a fait plusieurs propositions aux instances internationales pour poursuivre, développer et multiplier ces études sur les innovations de base en Afrique, par des programmes d’aide aux études, évaluations, et publications qui permettront la connaissance de leurs résultats et les leçons de ces expériences.

Quelques références :

- GRETAF : Propositions pour l’amélioration des indicateurs de l’Education de base pour tous dans les pays francophones africains. Janvier 2001

- Joel Spring Mahwah The Universal Right to Education : Justification, Definition and Guidelines Lawrence Erbaum Associates, 2000. 191pp.

- Amartya K.Sen Un nouveau modèle économique – Développement, Justice, Liberté Ed.O.Jacob, Paris 2000. 356pp.

- Norma Tarrow (éd) Human Rights and Education. Oxford, Pergamon Press, 1987

 

 

 

 

Si vous voulez faire connaître l’ADECE autour de vous,

voici une présentation de l’association et un bulletin d’adhésion...

 

 

 

L’ADECE

 

 

 

L'ADECE (Association pour le développement des échanges et de la comparaison en éducation) a été créée en juillet 1998.

L'éducation comparée existe, en tant que spécialité, depuis relativement longtemps, mais elle se développe aujourd'hui de manière forte. Ce n'est pas l'effet du hasard. La configuration du monde s'est, en effet, profondément modifiée au cours des dernières années avec l'internationalisation des problèmes et la mondialisation de l'économie, des échanges, de la politique. L'éducation comparée n'est pas une spécialité réservée à quelques initiés. Elle est la propriété de tous ceux qui sont amenés à faire des comparaisons en matière d'éducation, de culture, d'identités...

L'ADECE a pour objectif de mettre à jour l'utilité et les bénéfices que l'on peut attendre de la démarche comparative dans le domaine éducatif et la nécessité absolue de mettre en place des échanges au niveau des écoles, des collèges, des lycées et des universités.

Notre association a pour mission de recenser les informations pratiques qu'il faut communiquer aux personnes intéressées par les échanges européens et internationaux, de repérer les grands problèmes éducatifs qu'une approche franco-française ne permet pas de résoudre et d'identifier de nouveaux objets de recherche dans le domaine de l'éducation comparée.

Un bulletin de l'association, Le Courrier de l'ADECE est envoyé régulièrement à nos adhérents, un site internet a été créé pour réaliser à terme des forums de discussion, des journées d’études sont programmées chaque année et un colloque est organisé tous les deux ans.

Si vous êtes intéressé par l'approche comparative en éducation, par l'approche internationale des problèmes éducatifs et par les échanges scolaires et universitaires, venez nous rejoindre et devenez membre de l'ADECE.

 

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ADECE

(Association pour le développement des échanges et de la comparaison en éducation)

Dpt des sciences de l’éducation,

7 rue de l’Université, 67000 Strasbourg

 

 

Bulletin d'adhésion 2002

A retourner à l’ADECE, Dpt des sciences de l’éducation, 7 rue de l’Université, 67000 Strasbourg

Nom...................................................................Prénom.......................

Fonction...............................................................Institution....................

Adresse professionnelle.......................................................................................

.........................................................................................................

Téléphone............................................................Fax.............................

Email..................................................................................................

Adresse personnelle............................................................................................

.........................................................................................................

Téléphone............................................................Fax.............................

Email...................................................................................................

Souhaitez-vous que Le Courrier de l'ADECE soit envoyé

- à votre adresse professionnelle oui non

- à votre adresse personnelle oui non

Souhaitez-vous que Le Courrier de l'ADECE vous soit expédié

- par courrier électronique oui non

- en version papier oui non

Souhaitez-vous figurer dans l'Annuaire (papier) de l'ADECE ? oui non

Souhaitez-vous figurer sur le site internet de l'ADECE : oui non

Si oui, souhaitez-vous donner les renseignements suivants :

- votre adresse personnelle oui non

Votre téléphone personnel oui non

Votre E-Mail personnel oui non

- votre adresse professionnelle oui non

Votre téléphone professionnel oui non

Votre E-Mail professionnel oui non

- Vos sujets de recherche, vos domaines d'intérêts, vos projets pédagogiques

oui non

Si oui, précisez,

- vos publications oui non

Si oui, indiquez-en trois au maximum

 

 

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J'envoie un chèque bancaire ou postal de 31 Euros libellé à l'ordre de l'ADECE qui représente mon adhésion pour l'année 2002.

Date Signature